Violences sexuelles: 60 adolescentes sur 100 touchées au Cameroun

Ce sont les données alarmantes récentes publiées par l’Unicef au cours d’un briefing des journalistes en prélude à la célébration de la journée de la jeune fille le 11 octobre.

Pour cette 3e édition de la Journée internationale de la fille, le « Key Message » porte sur les chiffres qui interpellent.  Lesquelles données donnent des sueurs froides. En effet apprend-on, au Cameroun, 22% des filles âgées entre 15-19 ans ont été forcées à des rapports sexuels (viols) ; Presque 60% des filles de 15-19 ans ont vécu des expériences de violence sexuelle et/ou physique perpétrées par leur homme ou mari. Les mariages forcés et précoces font partie aussi des multiples formes de violences faites aux femmes, des discriminations à l’égard des filles et des abus envers les enfants. Et à ce sujet, à Kousseri dans la région de l’Extrême-Nord, 37% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.

La dernière enquête EDS/MICS toujours d’actualité montrait que : 17 % des femmes de 25-49 ans sont en union avant l’âge de 15 ans et près de 45 % étaient déjà en union avant 18 ans. Dans la tranche des  45-49 ans, ce taux est de 51% des femmes. La situation est davantage déplorable dans les zones rurales, où 57% des femmes de 20 à 24 ans déclarent s’être mariées avant l’âge de 18 ans. D’une manière générale, la célébration de la Jif permet de rappeler la situation de l’enfant camerounais toujours victime de violence dans les communautés, à l’école, en famille. Et les conséquences vont -indiquent de concert les officiels au briefing du mercredi 8 octobre dernier au rang desquels Félicité Tchibindat, représentante de l’Unicef et Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille(Minproff)- marquer tout le cycle de l’enfant.

Par exemple, de la période prénatale à la naissance, la violence (physique, sexuelle, phycologique) peut avoir un impact sur le fœtus. Tandis qu’à la petite enfance et enfance, où les enfants sont plus à risque, les expériences de violence perturbent leur agilité à apprendre. Par ailleurs, comme implications de la violence sexuelle, psychique et psychologique sur la santé de la reproduction, on déplore l’augmentation du risque de mortalité maternelle et complications à l’accouchement. Bien qu’à ce niveau le phénomène soit encore très peu documenté et peu dénoncé, les raisons de la violence envers les enfants sont multiples. Par exemple le fait que certaines formes de violences envers les enfants sont acceptées par la société, et pas perçues comme abusives.

Le phénomène est cependant évitable et appelle à un engagement de tous. Notamment à travers la mise en place de stratégies appropriées comme : Appuyer des politiques et programmes pour soutenir les parents et familles – les programmes d’éducation parental vont encourager la discipline positive et réduire les risques de violence domestique ; changer les attitudes et normes sociales qui légitimisent la violence et discrimination ; mettre à disposition des services pour soutenir les enfants survivants de violences – des mesures pour encourager les enfants à chercher les services appropriés et reporter les incidents des violences ; appliquer les lois et politiques qui protègent les enfants.

 

Nadège Christelle BOWA
Le Messager, 10 octobre 2014

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