Parité : Le long combat des Camerounaises

Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, elles restent confrontées à d’importants défis et obstacles.

Dans les différents secteurs de la vie professionnelle, les femmes jouent des coudes pour se faire une place. C’est le cas en politique, dans l’enseignement, les sciences et la recherche, l’administration publique et autres médias. Sur l’étendue du territoire national, les femmes élues locales, par exemple, sont au nombre de 31, un chiffre en constante augmentation. Mais, il est trompeur, car dans certaines régions, il n’y a pas du tout de femme maire. Pour gravir les échelons, les femmes doivent se battre contre les clichés, les mentalités et parfois même contre d’autres femmes. À Ce que notre société enseigne aux femmes, peu importe le domaine d’activité dans lequel elles évoluent, c’est que rien ne leur est donné d’avance. Dixit Rosalie N. H, ingénieur des ponts et chaussées, 30 ans. Dès ses premiers pas dans ce métier, elle a su qu’il fallait s’imposer dans un milieu d’hommes. J’ai eu la chance d’avoir un père qui nous a mises è l’école, mes soeurs et moi, malgré son background culturel. Et c’est là que j’ai compris qu’il y avait une succession de barrières à franchir. Le tout n’était pas d’aller à l’école, mais il fallait se battre pour, diplôme après diplôme, avancer, se trouver un emploi et y progresser. Et mon père qui n’avait pas de garçon nous disait toujours : c’est vous les hommes de la famille, mes héritières. Toute personne qui ose vous affronter doit trouver du répondant. Finalement, ça vous forge un caractère, confie Amélie Bayebeck, haut cadre dans une multinationale. A cette difficulté de progresser à l’école et dans une profession, s’ajoutent parfois les réticences de la famille. Les femmes des générations précédentes craignent de se retrouver avec une à vieille fille difficile à marier. Les clichés sur la traditionnelle répartition des rôles entre les hommes et les femmes sont encore solides entretenus dès l’enfance.

Dès la plus tendre enfance, la petite fille aide sa maman et le petit garçon peut jouer au football. Si on veut instaurer la parité, il ne faut pas véhiculer des stéréotypes dès l’enfance. Rosalie N. H. sait de quoi elle parle, après son expérience dans une entreprise de Btp. Je regrette de voir les capacités des employées y être perdues selon leur sexe. De manière générale, les femmes sont cantonnées au travail de bureau, alors que nous pouvons nous aussi diriger de grands chantiers routiers. Nous ne pouvons pas démontrer nos compétences en étant ravalées à ce niveau de gratte papier, s’insurge-t-elle.


Source
:
Yvette MBASSI-BIKELE
Cameroon Tribune, 8 mars 2017

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