Témoignage : Kalame Kouam Georgette, tenancière d’un restaurant

Georgette, bénéficiaire du Projet Accès des femmes pauvres au pouvoir d’achat et à la sécurité alimentaire parle de sa formation à la nutrition et de son activité génératrice de revenus (AGR).

Je me nomme Kalame Kouam Georgette. Je suis âgée de 32 ans, mariée et mère d’un enfant. Je suis allée à l’école jusqu’en classe de cour moyen deuxième année. J’ai connu ACESF-CA grâce à une dame nommée Clarisse. L’association avait délégué son beau-frère Emmanuel G., pour le recrutement des femmes. On voulait former quarante apprenantes. Il est arrivé dans mon quartier. J’étais là. Il m’a recruté. C’était en 2011. Je ne me souviens plus du mois exact. En ce temps, j’habitais au lieudit Nouvelle route Nkolbisson. J’y vivais avec un compagnon. A cause des mésententes, je me suis séparée de ce dernier. J’ai déménagé à la Cité Verte et ensuite à Tsinga au 8ème où je réside actuellement avec mon nouveau compagnon. Je me suis mariée avec ce dernier devant le maire au mois de décembre 2013. 

« Nous ne nous bourrons plus le ventre« 

Je suis représentante des bénéficiaires au sein du comité de pilotage du projet Accès des femmes pauvres au pouvoir d’achat et à la sécurité alimentaire. Monsieur Georges Okala, nutritionniste, fait partie dudit comité. J’ai participé aux sessions de formation sur la nutrition et sur l’entrepreneuriat. Au cours de la première formation, les animatrices nous ont appris comment bien se nourrir et comment calculer les quantités de repas. Avant, je ne réfléchissais pas sur les quantités de nourriture à préparer le matin, à midi et le soir pour ma famille. Après la formation, je me suis rendu compte que dans mon ménage on mangeait en désordre. Parfois on gaspillait. Par exemple: nous recevions un sac de maïs du village ; nous prenions un grand sceau que nous écrasions ; nous préparions une grande quantité ; nous jetions le reste. Maintenant nous mesurons la quantité de maïs à préparer à l’aide d’un petit bol noir ; juste ce qu’il faut pour ma famille. Nous avons réduit les quantités et nos dépenses. Nous ne nous bourrons plus le ventre. Nous veillons aussi à la qualité du repas. Quand nous préparons, nous nous assurons que le repas comprend les trois groupes d’aliments comme nous avons appris pendant la formation. Avant on négligeait les fruits. Maintenant nous en consommons trois à cinq fois par semaine notamment l’orange, la papaye et la carotte. Nous mangeons la viande environ trois fois par semaine.
J’ai partagé mes connaissances acquises en nutrition avec plus de dix personnes, à Yaoundé et à Douala. Certaines femmes sont résistantes au changement, les mamans âgées sont plus intéressées que les jeunes. Ces dernières reconnaissent les bienfaits de la nutrition sur leur santé.

« J’ai amélioré l’organisation de mon AGR« 

Avant la formation au démarrage et à la gestion d’une activité génératrice de revenus (AGR), Je tenais une cafétéria au quartier Oyomabang. J’y louais un petit local à 10 000 FCFA par mois à côté d’un bar. Le menu quotidien était composé de boissons chaudes (café, lait, thé, chocolat), d’omelettes et de plats de crudités. Les revenus de mon activité me permettaient de payer le loyer de ma chambre et de nourrir mon fils.
Après la formation j’ai amélioré l’organisation de mon activité. Avant, je n’écrivais pas mes recettes et mes dépenses dans un cahier. Maintenant, je tiens un le cahier de caisse. Je sais ce que je dépense et ce que je gagne. L’ouverture vers les autres bénéficiaires m’a permis de partager leurs expériences. J’ai appris des autres comment faire le marché ou comment acheter certaines choses. Avant, je ne maitrisais pas les endroits où acheter moins cher pour vendre et gagner un peu plus. Auprès des autres, j’ai eu plus d’informations sur le marché. Par exemple quand je veux faire le bouillon de queue de bœuf, je sais ou acheter moins cher.
Quand j’ai déménagé au 8ème, j’y ai installé mon restaurant au marché de chèvres. Au mois d’août 2013, j’ai suspendu mon activité à cause de deux événements. Des voleurs ont cambriolé mon restaurant à deux reprises. Ils ont emporté mon réchaud, six casiers de boissons, et les rideaux. J’estime la perte à 45 700 FCFA. Le deuxième événement qui a perturbé mon activité est la maladie de mon fils. On a plâtré ses deux jambes. Ayant perdu son autonomie de déplacement, je devais m’occuper de lui. Malgré ces difficultés , je vais continuer à me battre dans la restauration. Je souhaite relancer mon activité  dans un emplacement plus sécurisé. Mon mari m’y encourage. Rire. Je pense qu’il peut avoir des problèmes si je reste les bras croisés à la maison. Il peut me voir comme une consommatrice.

Mon attente d’ACESFCA est seulement l’encouragement. Reconnaître que je me bats me valorise, même si ce n’est pas mesurable. Il y a des stagiaires de nationalités finlandaise et française qui ont travaillé avec moi. J’en suis fière.

 

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